Le coronavirus, mes émotions et moi

Lorsque le confinement a démarré, j’avais l’intention de vous écrire sur ma page, pour maintenir du lien avec vous. Je voulais vous donner quelques pistes pour vivre le confinement le mieux possible, vous faire des suggestions pour occuper les enfants ou pour réussir l’école à la maison. Mais ça c’était avant… Avant qu’on tombe malade ici aussi.

Atteinte de Coronavirus, je n’étais absolument pas préparée à vivre ça !

Une fois l’annonce du fameux virus faite, vint la stupéfaction de constater que malgré nos précautions drastiques, nous pouvions être touchés. Puis vinrent les symptômes que vous connaissez tous, accompagnés de ceux, un peu insolites, qui font de cette maladie un tableau clinique varié. Nous avons été malades mon mari et moi, mais lui, beaucoup plus que moi, puisqu’il a souffert de détresse respiratoire et a dû être hospitalisé douze jours.

Autant vous dire que ce n’était pas facile, et toute psychologue que je suis, je n’étais absolument pas préparée à vivre ça. Les premiers jours, je n’ai cessé de me demander comment c’était possible qu’un homme jeune et en bonne santé puisse atterrir à l’hôpital. Je cherchais une raison et je n’en trouvais pas, alors j’étais désespérée car je ne pouvais pas me rattacher à un argument logique.

Puis ce fut le tour de la peur, surtout lorsqu’au bout de quelques jours, non seulement je n’avais aucune idée de sa date de sortie, mais pire encore, je comprenais que les médecins non plus ne savaient pas bien pourquoi mon mari était encore dépendant de l’oxygène.

Covid-19 : un immense sentiment de solitude et d’isolement

A ces émotions, se rajoutait un immense sentiment de solitude et d’isolement dû à cette période de confinement et tout ce qu’elle implique. Heureusement, mes amis ont été formidables et j’ai eu la chance d’avoir des repas et des courses livrés sur le palier. Mais je n’ai vu personne pendant ces jours-là alors que quand ça ne va pas fort, un petit café avec mes proches me fait toujours du bien.

Enfin, j’ai éprouvé un sentiment d’impuissance face à tout ça et en particulier face à mon enfant, dont je ne pouvais absolument pas m’occuper, du fond de mon lit.

Cette période aux allures de fin du monde avait quelque chose de surréaliste, rien de ce que je n’avais connu y ressemblait de près ou de loin.
A la fatigue intense et à la fièvre, se rajoutait une toux qui m’empêchait de parler, et même se brosser les dents nécessitait un effort intense. Mes repères étaient bouleversés et la situation dans le monde n’était pas mieux.

Puis j’ai réalisé que toutes ces émotions, la stupéfaction, la peur, la solitude et l’impuissance trouvaient leur origine dans ma volonté (et mon illusion surtout…) de contrôler les évènements de ma vie.
J’ai compris que quelqu’un pouvait avoir fait très attention aux sources de contamination et tomber malade, et inversement, une autre personne pouvait être passée à côté.
J’ai compris que je ne pouvais pas avoir la maîtrise des choses, même si je suis plutôt prévoyante.
J’ai compris que les soignants font de leur mieux face à l’incertitude mais qu’eux-mêmes ne maîtrisent pas vraiment l’évolution de la maladie et ses traitements.
J’ai compris que face à l’isolement géographique imprévisible avec les proches, nous allons devoir nous adapter et utiliser d’autres moyens pour communiquer.
J’ai compris qu’il allait nous falloir nous accommoder mon mari, moi et ma fille à cette situation puisque nous n’y pouvons rien et que nous n’y changerons rien.

J’ai fini par expérimenter ce qu’est l’acceptation et à quel point cela est un véritable travail sur soi,

contrairement à ce que l’on pourrait penser de la passivité de la chose. Je l’ai compris non pas par choix ou par intelligence, mais par nécessité.

Vouloir aller mieux tout de suite

Et j’ai cessé de me lamenter sur ce que je ne contrôlais pas. Au lieu de vouloir aller mieux tout de suite, j’ai accepté que ça prendrait du temps. Et à la place de réponses, j’ai tenté d’accepter d’avoir juste des questions.

Je vous raconte tout ça car je ne pense pas être la seule à avoir traversé les difficultés du covid19 et que rien ne nous a préparé à l’intensité de cette guerre sanitaire.
Lorsque nous ne maîtrisons rien, se battre intérieurement pour tenter quand même de reprendre le contrôle est épuisant. Accepter demande un certain effort mais permet de se poser, de lâcher prise et de laisser venir ce qui vient. Et cette acceptation apporte un peu de calme dans la tempête.
Alors à tous ceux concernés et aux autres, je ressens l’envie de partager avec vous ce que je tire de cette période.

Cette épreuve nous apprend l’humilité et nous contraint à travailler notre ego car ce satané virus s’attaque à tous sans distinction de race, de religion, de croyances ou de niveau socio-culturel. Elle nous enseigne que l’homme ne maîtrise rien, même au 21ème siècle que ce soit du côté des soignants ou du côté des malades. Pour une fois dans nos vies, nous ne pouvons nous tourner vers personne pour savoir comment y échapper ou comment en guérir. Et c’est bien la première fois que tous les pays sont logés à la même enseigne.

Cette guerre sanitaire nous apprend aussi que, dépouillés du superflu, il est quelque chose qui est essentiel pour nous tous, c’est notre santé et nous devons en prendre soin.

Pour finir, cette situation vraiment dramatique resserre les liens entre les gens.

Jamais je n’ai vu autant d’élan de solidarité, autant d’humanité dans nos interactions. Comme s’il nous avait fallu arriver à cette période apocalyptique pour faire ressortir ce qu’il y avait de meilleur au fond de nous. Et je suis émue aux larmes lorsque je vois des appartements prêtés aux soignants, des familles déchirées se réconcilier, des fonds de solidarité aider les entreprises… et j’en passe.

Comme si au fond, face à l’acceptation de ce que nous ne contrôlons pas, nous avons renforcé ce qui dépend de nous : le partage, le soutien, la solidarité et que peut-être, cela nous permettra de mieux nous aimer les uns les autres.

Je souhaite de tout cœur qu’il y ait vraiment un avant et un après tout cela et qu’a l’avenir, nous soyons plus sages, plus authentiques et centrés sur ce qui est essentiel dans nos vies.

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