Difficile d’y échapper, à moins d’être en retraite spirituelle. Le mot coronavirus est sur toutes les bouches : à la télévision, à la radio, dans la presse et même dans les couloirs de métro !
Si au début, les français regardaient ça de loin, avec les récentes contaminations, c’est le citoyen lambda qui se sent désormais concerné.
D’ailleurs, quelle que soit votre catégorie socio-professionnelle, votre religion, votre orientation politique ou même sexuelle, vous voilà tous réunis autour d’une même préoccupation sur laquelle, de surcroît, vous êtes tous plus ou moins d’accord. Ce qui, avouons-le, est plutôt rarissime dans l’histoire.
Les consultations qui se déroulent sans évoquer au moins une fois le fameux coronavirus
Depuis quelques jours au cabinet, rares sont les consultations qui se déroulent sans évoquer au moins une fois le fameux coronavirus : les mamans inquiètes pour leurs enfants et pour la fermeture possible des établissements scolaires, la pénurie de solution hydroalcoolique, les personnes qui se demandent comment assurer leurs déplacements professionnels ….
Ce matin, par curiosité, j’ai vérifié sur Google : plus de 4 milliards de résultats pour le mot « coronavirus » et 8 millions de recherches en France sur Janvier 2020.
L’incertitude du lendemain est anxiogène et on a beau en rire, la vraie question qui me taraude c’est de savoir si l’information ne serait pas plus virale que le coronavirus ?
Ce matin, un patient me disait très justement : « Ce qui me stresse, c’est pas la maladie, c’est les gens ! ». Et une des caractéristiques de notre époque est la rapidité avec laquelle les individus se transmettent leurs informations, mais aussi leurs angoisses.
Alors comment faire pour survivre et pour réussir à continuer nos projets de vie et à profiter pleinement de nos occupations, sans sombrer dans la psychose collective ?
– Les fantasmes autour du coronavirus sont largement alimentés par les médias et si vous avez cédé à la tentation d’allumer BFM TV, vous avez sans doute vu des images apocalyptiques. Personnellement, je vous conseille de moins regarder les informations et de changer de chaîne quand vous sentez que c’est trop. Parce qu’il faut bien dire que « c’est trop », entre les réseaux sociaux et les émissions, on est vite saturé de mots et d’images anxiogènes. Aussi, réfléchissez deux fois avant de taper « coronavirus » sur Google. Et rappelez-vous que le succès de la presse spécialisée en faits divers réside dans le nombre improbable de ses fake news.
Essayer de s’éloigner du négatif sera plus efficace si vous vous investissez dans une activité qui vous fait du bien et vous ressource.
Alors, en cette période de fantasmes autour du coronavirus, faites des choses que vous aimez.
– La recherche du patient zéro, qui serait à l’origine de la contamination, génère des fantasmes complètement farfelus dans l’imaginaire collectif, comme si on allait tomber sur un fou furieux dans la rue, qui allait nous attaquer à coups de seringue ou de crachats, pour nous inoculer le coronavirus, comme dans un scénario digne d’un film d’horreur. Il suffit qu’une personne tousse dans le métro pour qu’elle soit instantanément fustigée de regard haineux. Stoppons l’imaginaire et ressaisissons-nous !
– Rappelez-vous que la grippe saisonnière, dont on parle bien moins, fait beaucoup de morts chaque année et prenez conscience qu’elle ne vous empêche pas de dormir. Pour la simple et bonne raison que vous êtes sans doute victimes de biais cognitifs qui sont à l’origine d’une mauvaise évaluation de la situation. Les biais cognitifs servent à trier les trop nombreuses informations que reçoit notre cerveau, ce qui est plutôt bien. Mais ce tri s’effectue selon une sélection qui n’est pas forcément rationnelle.
Ainsi, plus on parle de quelque chose et plus on le voit partout.
Vous avez peut-être expérimenté cela : il nous suffit de vouloir acheter une voiture bleue pour que nous ne voyons plus que des voitures bleues dans la rue, si bien que nous finissons par être persuadés qu’il y a énormément de voitures bleues !
Biais cognitif : le biais de la négativité
Un des biais cognitifs les plus puissants est le biais de négativité. Les chercheurs en psychologie sociale ont beaucoup travaillé sur les biais de négativité, qui expliqueraient, entre autres, que si je vous fais 9 compliments et 1 reproche, il y a fort à parier que vous vous souviendrez du reproche.
En fait, notre cerveau retient les informations négatives bien mieux que les positives. Il suffit de prêter attention au fait qu’on parle davantage du nombre de morts du coronavirus que du nombre de personnes touchées qui ne sont pas mortes pour constater que nous sommes bien plus happés par l’information négative que par les informations positives. Et si à l’origine, ce comportement nous permettait de repérer les dangers menaçant l’espèce humaine pour nous en protéger, ce mécanisme est encore profondément ancré en nous et nous nuit souvent.
Alors si les biais de négativité sont courants, maintenant que vous le savez, repérez-les et ne vous faites pas avoir !
– Certaines personnes ressentent de la peur de façon démesurée.
Cette angoisse m’empêche parfois de me concentrer au travail et même d’être détendue si je sors le soir. J’y pense tout le temps …
me confiait cette semaine une patiente.
Pour lutter contre la peur, vous pouvez facilement vous initier à la méditation avec les nombreuses applications en ligne.
Vous pouvez également travailler votre respiration ou faire des exercices de cohérence cardiaque le soir avant de dormir ou avant de prendre les transports, si vous en avez peur.
Vous pouvez aussi vous mettre en position confortable dans un endroit calme et vous reconnecter à un souvenir agréable : un moment de vacances ou de ballade durant lequel vous étiez sereins et vous vous sentiez en sécurité. Prenez le temps d’explorer pleinement ce souvenir et tous ses détails sensoriels.
– Limitez-vous à ce que vous pouvez contrôler c’est-à-dire aux recommandations de bon sens qui sont faciles à appliquer et valables aussi bien pour la grippe (telles que se laver les mains). On est bien d’accord que c’est la seule chose qui est sous votre contrôle, alors pour le reste, passez votre chemin !
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