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Je voudrais partager avec vous une anecdote que j’aime beaucoup et que je raconte parfois à des patients.

Il y a une dizaine d’années, j’ai le souvenir d’avoir reçu une patiente pour une problématique qu’elle rencontrait avec sa famille et avec sa fille en particulier.
Elle m’a raconté qu’elle était extrêmement à cheval sur l’ordre, le rangement, le ménage, et les horaires avec son mari et ses enfants, et que ça générait beaucoup de stress à la maison.
Elle souffrait de son organisation militaire et avait du mal à lâcher prise. Elle reconnaissait qu’elle était dans le tout contrôle ce qui lui coûtait beaucoup en termes d’énergie psychique.

Nous avons fait un travail quelque temps mais cette patiente a déménagé en province et nous avons dû interrompre le suivi ( et oui, à l’époque je ne faisais pas de Visio 🙂 )
Je me souvenais d’elle pour différentes raisons même si ça date.

Il y a quelques mois, une jeune femme est venue consulter, sur les conseils de sa maman que j’ai reçu « il y a longtemps ».
Je n’ai pas tout de suite fait le rapprochement avec sa mère donc je partais en terrain neutre.
Et voilà que cette jeune femme consulte car elle a des soucis avec l’ordre, le rangement, le ménage, les horaires ( sic…), reconnaît être très désordonnée et en déplore les conséquences sur sa relation de couple.
Elle me dit qu’elle est « carrément bordélique » et que c’est un vrai souci au quotidien. Elle se décrit d’une manière qui me rappelle quelque chose avec des termes bien spécifiques.

Puis je me suis souvenu de cette maman reçue il y a une dizaine d’années à mon cabinet, au même nom de famille, qui avait une attitude ultra contrôlante en réaction à une mère « carrément bordélique » et qui faisait tout son possible pour ne pas l’être.

C’est drôle ce recyclage de problèmes, ou comment le transgénérationnel s’inscrit dans nos vies.

Une grand-mère « carrément bordélique », une fille rigoureuse à l’extrême, puis une petite fille à nouveau bordélique et ainsi de suite 😅 jusqu’à quand en fait ?

J’aime raconter cette anecdote parce que nous mettons souvent beaucoup d’énergie à ne pas ressembler à nos parents, à faire exactement l’inverse de notre père ou de notre mère.

Un peu comme cette maman qui ne trouvait jamais ses affaires dans le bazar dans lequel elle avait grandi, qui avait souffert du désordre de sa mère, au point de s’imposer une telle rigueur que sa fille, ne le supportant pas, était devenue très désordonnée en réaction à ce qu’elle avait vécu enfant…

Alors sachez-le, faire exactement l’inverse ou faire exactement la même chose que nos parents, ça revient au même. C’est la même chose !
Ça revient à ne pas être libre de ses choix et à agir en réaction à nos schémas éducatifs.

Peut-être qu’il serait temps d’arrêter de trimballer des casseroles lourdes et bruyantes, de faire un travail pour accéder à notre vraie liberté et pour pouvoir faire des choix éclairés et se délester de cet acharnement à vivre « en réaction à… »
Au moins afin d’ éviter des consultations tous les 10 ans chez la même psy qui termine par trouver ça très drôle  !