Lors de la plupart de mes consultations, une question revient fréquemment : « j’aimerais que vous m’aidiez à retrouver confiance en moi ». Si ce n’est pas à la première séance, cette demande aura lieu lors d’une prochaine séance.
Si vous tapez sur un moteur de recherche les mots « confiance en soi », vous trouverez une quantité innombrable d’articles, plus ou moins sérieux, de vidéos, de webinaires sur la question.
Confiance en soi, appelée aussi estime de soi, ou encore image de soi : et si on s’interrogeait sur la relation entre confiance en soi et confiance tout court, confiance en l’autre, confiance en la vie ?
Notre capacité à faire confiance aux autres est assez révélatrice de notre façon d’interpréter le monde qui nous entoure.
Certains d’entre nous font confiance assez facilement. Au point de raconter leur vie à l’inconnu assis à côté d’eux dans l’avion ou encore à faire aisément garder leurs enfants par une nouvelle baby-sitter. D’autres sont de nature plus méfiante, et ont tendance à prêter de mauvaises intentions à leur environnement : mon ami en retard va encore se désister, mon patron pourrait me licencier pour un rien, le vendeur de cuisine doit être en train de m’arnaquer…
Dans notre société, faire confiance à l’autre n’est pas toujours bien vu. Et lorsqu’on demande aux français « Faites-vous confiance aux autres ? », seuls 21% répondent par l’affirmative, ce qui représente trois fois moins que dans les pays scandinaves par exemple.
On a tendance à considérer celui qui fait facilement confiance comme un naïf, quelqu’un qui vit dans le monde des bisounours, et inversement, les méfiants comme plus réalistes, qui ne se font jamais avoir !
Car faire confiance aux autres c’est aussi être en attente de quelque chose vis-à-vis de l’autre. La composante essentielle de notre confiance est qu’elle place d’emblée celui qui fait confiance dans un état de vulnérabilité par rapport à l’autre. La confiance implique toujours le risque que l’autre ne soit pas à la hauteur de nos attentes ou, pire encore, qu’il nous trahisse.
Mais il y a aussi beaucoup de risques à ne pas faire confiance. Les risques de la méfiance sont peut-être moins évidents que les risques de la confiance, mais ils sont bien réels et sans doute plus importants à long terme.
Aussi, une personne méfiante aura du mal à faire des choix dans sa vie professionnelle ou amoureuse, toujours dans le doute de « et si je me faisais avoir… », et risque un appauvrissement des relations sociales, voire une certaine solitude.
La confiance est fondamentale pour envisager l’existence même des relations humaines, qu’elles s’inscrivent dans un contexte personnel ou professionnel. Sans confiance, on ne pourrait même pas envisager l’avenir et chercher à bâtir un projet qui se développe dans le temps.
Car le lien entre les individus constitue des véritables nourritures relationnelles, qui nous sont nécessaires et contribuent énormément à notre équilibre.
Un acte de confiance se produit quand nous prenons le risque de faire quelque chose de nouveau que nous n’avons jamais fait auparavant. Passer d’une situation connue à une situation inconnue, nous demande un effort remarquable qui est celui de faire confiance. La confiance est un concept évasif, et pourtant, nous en dépendons pour que notre vie fonctionne : j’ai confiance en mes enfants quand ils me disent qu’ils vont éteindre la lumière le soir, je fais confiance au pilote de l’avion qui m’amène sur mon lieu de vacances, j’ai confiance en mon mari lorsqu’il s’absente quelques jours. Et cette confiance est essentielle, sans quoi aimer, travailler, ou avoir des enfants, devient difficile…
Il existe plus d’une centaine de définitions sur la confiance, et la plupart sont réduites à une sorte d’évaluation des risques. Mais ces définitions de la confiance sont bien trop rationnelles, et ne vont pas jusqu’à la nature intrinsèque de cette conduite, à savoir ce qu’elle nous permet de faire et comment elle nous permet de créer des liens.
Car c’est bien de cela dont il s’agit, faire confiance c’est créer des liens avec d’autres personnes. La confiance tisse le lien social dans la société et permet une relation ouverte avec l’inconnu.
Percevoir la confiance de cette manière-là nous permet de gérer l’incertitude et de continuer à aller de l’avant.
Car bien plus qu’une décision argumentée, la confiance est une intuition, une espérance. Et faire confiance a priori, est plus efficace qu’ériger les barrières de la méfiance.
Pourquoi ? Car quand je fais confiance aux autres, ça veut dire que je juge que mes critères de confiance en cette personne sont justes car mon jugement a de la valeur et que je suis assez réfléchi, mature pour juger des risques et avantages à faire confiance. Donc faire confiance à l’autre revient à se faire confiance.
Quand je me fais confiance, cela me permet d’aller vers l’autre dans la mesure où je prends conscience que je suis quelqu’un qui a suffisamment de valeur pour être accepté par l’autre.
La confiance en soi va permettre de s’ouvrir aux autres, construire un espace de partage et autoriser la confiance. La confiance en soi relève donc aussi de la capacité à créer des liens. Pour cela, il faut pouvoir aussi croire aux autres, leur faire confiance et accepter le risque d’une certaine dépendance aux autres.
Il y a une différence entre dépendre complètement de quelqu’un en s’abandonnant aveuglement à sa volonté ET accepter la vulnérabilité dans laquelle nous place le fait même d’avoir confiance en quelqu’un, tout en sachant que l’autre peut ne pas répondre à nos attentes, et peut aussi, parfois, abuser de notre confiance.
Faire confiance c’est accepter que chaque personne ait ses zones d’ombre et ses faiblesses. Mais sa véritable force réside dans le fait que, même si elle demeure à jamais fragile, elle engendre toujours du lien.
Et faire un saut en élastique en est un parfait exemple : j’ai suffisamment confiance dans le professionnel qui a pris toutes les précautions pour assurer ma sécurité, mais j’ai suffisamment confiance en moi pour l’avoir jugé compétent.
Pour tout renseignement, prenez contact avec Claire Dahan – Psychologue Paris 13