La vieillesse, on en parle ?

« Le bonheur supprime la vieillesse » disait Kafka. J’aime bien cette phrase, parce que d’emblée, lorsqu’on évoque la vieillesse, le mot bonheur n’y est pas souvent rattaché.

Si je vous dis le mot « vieillesse », qu’est-ce qui vous vient spontanément à l’esprit ?

C’est par cette question que j’ai débuté récemment une formation que j’ai dispensée à propos des personnes âgées. En vrac, j’ai pu recueillir des idées telles que : l’affaiblissement du corps (que ce soit dans le domaine de la santé ou de l’apparence physique), l’appauvrissement social, la solitude, l’arrêt de l’activité professionnelle et la restriction des centres d’intérêt, mais aussi… la sagesse, l’expérience de vie, la connaissance, la sérénité, la paix intérieure.
Vous remarquerez que ces mots tournent autour des ressources, qu’elles soient des ressources conservées et acquises ou bien des ressources perdues.
Il semble évident qu’il n’est pas possible d’aller à l’encontre du vieillissement du corps ou de la baisse du réseau social. En revanche, il est une chose que l’on peut faire lorsqu’on est encore jeune (ou moins jeune…), c’est travailler notre philosophie de vie. Parce que la vieillesse nous concerne tous !

Grâce aux progrès incessants de la médecine et à l’allongement de la durée de vie, la période de la vieillesse est plus longue. Nous serons donc non seulement vieux, mais plus longtemps que ne l’étaient nos grands-parents.

Lorsqu’on évoque la vieillesse, la société s’intéresse peu à cette période

Selon l’Insee, les français de plus de 65 ans représentent environ 18% de la population, soit trois fois plus qu’il y a 20 ans. Et si les tendances démographiques se maintiennent, on pourrait compter plus de 200.000 centenaires dans quarante ans !

Lorsqu’on évoque la vieillesse, les « plus ou moins » jeunes que nous sommes ne sont pas très intéressés par cette étape de vie. La société s’intéresse peu à cette période. Vous pourrez constater qu’il y a davantage d’articles dans la presse ou d’émissions sur les enfants ou les jeunes que sur les personnes âgées. Un peu comme si la société faisait l’autruche sur une réalité pourtant évidente. Mais, comme dit le proverbe, la peur n’arrête pas le danger…

Et si on s’intéressait à la vieillesse pour songer à mieux vieillir dans sa tête ? A partir de quand faut-il s’en préoccuper ? Existe-t-il des moyens pour préserver un bon état psychique ?

Quand on se penche sur la vieillesse, on trouve des tas de conseils concernant l’alimentation, le sommeil, le capital osseux, l’exercice physique ou encore la mémoire. Mais qu’en est-il de notre capital bonheur ? Comment s’assurer qu’une fois à la retraite, malgré nos forces physiques amoindries et notre réseau social appauvri, notre état psychologique puisse être au mieux ?
Tout d’abord, j’ai envie de rappeler que nous ne sommes pas réduits à ce que nous faisons comme travail : nous ne « sommes » pas seulement électricien, chef d’entreprise, médecin ou artisan. Nous sommes avant tout des personnes avec une identité propre. Si la société nous donne l’illusion d’être définis par notre activité professionnelle, pour autant, nous avons aussi d’autres pans de notre vie qui sont autant de piliers à développer quel que soit notre âge.

Et notre équilibre réside dans un mélange harmonieux entre ces différentes facettes de nous-mêmes : notre travail, oui, mais aussi notre couple, notre famille, nos amis, nos projets personnels.

 

Tisser des liens

Le bonheur que nous éprouvons dans la vie dépend en grande partie de la qualité des relations que nous entretenons avec les autres. C’est de LIEN dont nous avons le plus besoin. Et si au cœur de nos années de développement de carrière, nous nous sommes attelés à réussir de notre mieux au travail, il ne faut pas perdre de vue que le reste, ça compte aussi. Tisser du lien est un besoin fondamental et c’est de cette nourriture affective que nous nous nourrissons plus tard.
La famille est une valeur essentielle : bien souvent, les jeunes la mettent un peu de côté car ils sont occupés à sortir s’amuser. Plus tard, ils sont occupés à développer leur vie professionnelle, puis encore plus tard ils sont des jeunes parents débordés. Mais le temps passe vite et les années filent, et voir peu sa famille, ça ne suffit pas pour entretenir le lien et avoir des relations de qualité.
Les amis sont la famille du cœur : prenons-nous assez de temps pour enrichir les liens amicaux qui nous nourrissent ? Car plus nous accordons de temps aux autres, plus nous nous sentons reconnus et à notre tour, soutenus lorsque nous en avons besoin.

Enfin, nous avons aussi besoin d’être connectés à nous-mêmes, d’être en LIEN si je puis dire, avec soi. Nous avons besoin de nous connaître, de connaître nos valeurs, de savoir qui nous sommes et qu’est-ce qui nous tient à cœur. Il est donc fondamental de prendre ce temps de connaissance de soi, qui va permettre l’estime de soi, lorsqu’on est jeune. Car pour moi, la vieillesse est un miroir grossissant de toute notre vie. C’est une sorte de « super concentré » de ce que nous avons été tout au long de notre vie.

Les projets personnels sont indispensables : qu’est-ce qui nous tient à cœur juste pour nous, pour notre intérêt personnel, pour notre plaisir ? Prendre le temps de trouver ce qui nous fait vibrer lorsqu’on est jeune, c’est aussi investir dans l’avenir une passion qui nous guidera, puis qui nous suivra.

Kafka disait : « le bonheur supprime la vieillesse » et je trouve que cette phrase illustre parfaitement deux réalités. Bien évidemment, nous entrerons dans cette étape de vie qu’on appelle vieillesse et c’est inévitable. Et… le bonheur est notre seule arme face à la vieillesse. Ce bonheur se construit aujourd’hui, lorsque nous sommes en pleine possession de ce qui constitue nos ressources : c’est-à-dire notre corps, nos capacités intellectuelles, nos actions, et notre relation aux autres.
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