Comment rester en bons termes avec 2020 ?

Dans quelques heures, notre rupture avec 2020 sera définitive et nous accueillerons la nouvelle année. Il est clair que cette année n’a pas été formidable et cette fois-ci, vous l’aurez remarqué, lorsqu’on se souhaite bonne année, il est d’usage de rajouter un petit quelque chose du genre : « espérons que l’année à venir soit meilleure que la précédente, hein ! » comme pour rappeler qu’on n’est pas près d’oublier.
C’est donc avec espoir mais aussi avec crainte, que nous allons démarrer cette nouvelle année 2021, profondément marqués par les évènements rencontrés cette année un peu partout dans le monde.

Alors comment avancer avec sérénité et faire à nouveau confiance à ce qui s’offre à nous ?

Tout d’abord, il est important de se rappeler que cette crise sanitaire du covid 19, gérée tant bien que mal, est sans commune mesure avec les guerres et pandémies des siècles passés. Malgré les difficultés rencontrées et l’impact de la pandémie sur les personnes âgées, les enfants, l’économie et j’en passe … nous avons tout de même observé des choses qui ne marchent pas trop mal comme par exemple un meilleur système de soins que dans le passé ou encore des possibilités à maintenir le lien ou certaines activités à distance.
Mais toute la difficulté de cette période réside dans le fait de réussir à diriger notre attention sur ce qui a bien fonctionné.

Je lisais récemment le livre « Factfulness » de Hans Rosling, dans lequel l’auteur dénonce nos visions déformées sur l’état du monde.
Rosling dénonce les préjugés que nous avons sur la façon dont se porte le monde et affirme qu’il ne va pas aussi mal que nous le pensons. Il commence son livre par un rapide QCM, qu’il a également fait passer à une très large population, de tout milieu socio culturel aux quatre coins du monde.
Des questions sur l’espérance de vie moyenne, le nombre d’enfants vaccinés dans le monde, le taux d’analphabétisation, ou encore le seuil de pauvreté, sont posées afin de mettre en évidence ce que nous pensons et imaginons du monde dans lequel nous vivons.
Les résultats sont bluffants et Rosling constate que nos estimations sont bien pires que la réalité, non seulement chez le commun des mortels mais aussi auprès des chercheurs, des prix Nobel et des scientifiques. Même si un tel QCM était présenté à des chimpanzés et que les réponses étaient données au hasard, on obtiendrait des scores moins désastreux.

Le biais de négativité

Ce livre, écrit en 2018, m’a fait réfléchir à un phénomène que les psychologues connaissent bien et qui s’appelle le biais de négativité.
Le biais de négativité représente un des biais cognitifs les plus puissants : nous avons tendance à donner plus de poids aux expériences négatives et à nous en souvenir davantage, tandis que nous minimisons ce qui se passe bien.

Alors pourquoi nous retenons uniquement le négatif et comment retenir autre chose de l’année qui vient de s’écouler ?

L’origine de cette tendance à retenir le négatif est liée aux débuts de l’humanité : c’est grâce à sa capacité à percevoir ce qui ne va pas que notre espèce a su repérer les dangers et survivre face à la menace. C’est donc un réflexe archaïque, inscrit dans nos gènes en quelque sorte.
Mais comment réussir à percevoir les choses d’une autre manière et à changer d’angle de vue sur une situation ?
Il nous faut réussir à envisager qu’un verre rempli à moitié, est aussi un verre à moitié plein et pas seulement à moitié vide. Il est les deux à la fois…selon la façon dont on l’observe.

Accepter une situation de changement

Le prérequis à tout changement, paradoxalement, est la phase d’acceptation. C’est seulement lorsque j’accepte une situation, que je réussis à changer (de comportement, de pensée, de perception du monde).
Le risque à ne voir le verre qu’à moitié plein, est de vivre dans le déni, comme si rien n’était arrivé et que nous étions tous des super-héros. C’est ce que j’appelle la dictature du bonheur qui est très culpabilisante. Mais envisager qu’il puisse être aussi à moitié plein, donne une version plus nuancée de la réalité.

L’acceptation n’est pas quelque chose de cognitif ou de l’ordre du savoir, c’est l’acceptation d’un ressenti. On parle beaucoup de l’importance des émotions positives mais avant toute chose, accueillir ce qui se passe et être à l’écoute de ses émotions, signifie aussi laisser place à ce qui est moins agréable.
Pour accéder à un changement quel qu’il soit, il va donc nous falloir déjà accepter nos ressentis désagréables et inconfortables de l’année passée. Et si nous n’avons pas aimé ce qui s’est passé cette année, c’est humain et c’est normal.

Pour autant, nous avons en nous des capacités et des ressources inépuisables face aux épreuves et il est important de s’en servir.
En thérapie brève, il y a une approche très intéressante qui s’appelle l’approche centrée solution (ACS), développée dans les années 80. Un des principes fondateurs de cette approche réside dans le fait que pour régler un problème, il ne suffit pas de « ne plus vouloir du problème » (ne plus vouloir de stress, ne plus vouloir d’insomnies etc…). Mais il va falloir réfléchir à ce que l’on veut à la place de ce qui ne va pas. Penser à ce que l’on désire vraiment est une façon de nous orienter vers nos ressources plutôt que vers nos problèmes.
Reconnaitre et accepter que nous sommes trop anxieux, pessimistes etc… est un préambule nécessaire au changement car cela nous indique que quelque chose ne va pas.
Mais pour voir émerger un changement, il nous faut aller vers un avenir désiré : qu’est-ce que je veux à la place de ce stress/ces insomnies ?

Des petits pas pour aller vers du mieux…

Cet avenir désiré va nous permettre d’aller vers une deuxième étape : de quoi je dispose pour aller vers du mieux ?
La visualisation d’une situation meilleure va nous mettre en action et nous faire avancer par petits pas, en nous rappelant des moments de notre vie où nous nous sommes sentis un peu mieux et en utilisant ce qui marche et ce qui fonctionne.

« Ce que l’on veut » va devenir plus important que « ce qui ne va pas », grâce à la possibilité de développer et d’amplifier ce qui va bien dans nos vies. Peut-être que cette année vous avez découvert que nourrir du lien était important, alors comment continuer à en développer ?
Vous avez pris conscience qu’au travail, certaines choses méritent d’être revues alors que voulez-vous à la place et de quoi allez-vous vous servir pour l’obtenir ? Vous vous êtes rendu compte que marcher vous faisait du bien, et si vous preniez l’habitude de marcher plus régulièrement ?
Cette année nous a contraint de passer plus de temps avec nous-mêmes et de mieux nous connaitre. Que retenons-nous de ce rdv forcé et qu’avons-nous observé chez nous en termes de forces et de capacités ?

C’est en orientant toute notre attention vers ces questions-là que nous allons pouvoir nous séparer intelligemment de 2020.
En nous souvenant qu’il y a eu aussi des bons côtés et en adoptant un autre regard sur nous-mêmes, un regard fier et bienveillant.

Je vous souhaite à tous et à toutes une très bonne année 2021, pleine d’espoirs et de perspectives, d’acceptation de soi et de bienveillance, de bonnes surprises et de changements !

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