Savoir dire non et s’affranchir du regard de l’autre !

Vous avez du mal à dire non à votre responsable lorsqu’il vous demande quelque chose à 18h ? à votre belle-mère qui vient voir ses petits-enfants adorés trois fois par semaine ? à la copine qui vous appelle à chacun de ses chagrins d’amour et vous mobilise deux heures au téléphone ? Si bien que vous vous demandez parfois si c’est bien raisonnable de faire tant de choses contre votre gré…. Mais en même temps, comment refuser de faire ce qu’on attend de vous, votre responsable a tellement de stress, votre belle-mère est seule et votre copine n’a vraiment pas de chance avec les hommes…

Pourquoi est-ce si difficile de savoir dire non ?

Parce que dire non, c’est se distinguer, c’est exprimer ses désirs propres, c’est s’affirmer en tant que sujet et c’est être libre. C’est aussi une façon de poser une limite entre soi et l’autre : « voilà ce que je suis prêt/e à faire et voilà ce que je ne veux pas faire, et entre les deux, ma limite est claire ». 
Dire non, c’est accepter de décevoir l’autre, de ne pas être à la hauteur de ses attentes. C’est prendre le risque que l’autre nous apprécie moins, ne nous comprenne pas. Et être capable de dire non c’est donc aussi s’affranchir du regard de l’autre et pouvoir se dire que si l’autre ne comprend pas notre refus, s’il nous juge ou s’il prend mal les choses, que cela reste son affaire.
Car dire non, c’est grandir…

Le stade du non est fondamental chez les tout-petits et il montre une bonne évolution de l’enfant

Claire DAHAN Psychologue

Personnellement je suis toujours inquiète pour un enfant dont on me dit « il est sage comme une image, on le met quelque part et on l’entend plus, si bien qu’on l’oublie parfois… ».
Puis plus tard, l’adolescent dit également non quand il fait ses choix. Même si c’est difficile pour les parents, le fait de dire non est aussi le signe qu’il s’approprie ses propres choix. Puis plus tard, en tant qu’adulte, nous sommes amenés à dire non à la norme qui nous impose de penser comme tout le monde, non à la société de consommation qui décide quand nous devons acheter telle chose et si nous en avons besoin, non aux magazines qui demandent aux femmes de perdre 5 kg avant les vacances et non à ceux qui pensent que prendre du temps pour soi c’est égoïste…. par exemple.

Une expérience de psychologie sociale sur l’obéissance et la capacité à dire NON

Une des expériences les plus célèbres de la psychologie sociale est celle de Stanley Milgram, psychologue américain qui a mesuré notre degré de soumission à l’obéissance (1963). L’expérience consiste à faire croire aux participants que l’on réalise une étude sur la mémoire et que l’on cherche à tester les effets de la punition sur le processus d’apprentissage. Le sujet joue le rôle du professeur, et doit interroger des élèves, qui sont en fait des complices de l’expérimentateur. 
Si l’élève donne une mauvaise réponse à une liste de mots à répéter, le « professeur » doit lui administrer un choc électrique croissant de 15 volts à chaque erreur et cela de 15 à 450 Volts.Bien sûr, les chocs électriques ne sont pas réels mais le sujet ne le sait pas et croit infliger du courant à son « élève » (qui fait semblant de ressentir de la douleur croissante).
Lorsque le sujet a envoyé du courant à son « élève » et qu’il demande quoi faire à l’équipe, l’expérimentateur habillé de sa blouse blanche lui dit simplement « vous devez continuer ».
Les résultats de cette expérience sont effarants et loin des prédictions : Milgram avait fait une petite enquête au préalable auprès des psychiatres, psychologues et professeurs de sociologie. Tous semblaient unanimes pour dire que la plupart des sujets allaient se montrer désobéissants et ne pas administrer les chocs. Mais malheureusement, le taux des personnes ayant administré des chocs électriques (fictifs) est très élevé et représente 65%. C’est donc deux tiers de la population qui a préféré torturer plutôt que dire non….

Dire non est extrêmement difficile… mais… 

Cette expérience doit nous faire réfléchir : elle a été reconduite de nombreuses fois dans de nombreux pays avec des variantes, mais le résultat est toujours le même. Dire non est extrêmement difficile et même dans des situations où nous savons qu’il est bon de dire non, nous avons beaucoup de mal. 

Or dire non, c’est possible lorsqu’on sait qui on est, lorsqu’on connaît ses valeurs et lorsqu’on abandonne l’idée d’être parfait et conforme à ce que l’on attend de nous.

Claire DAHAN

Car avoir confiance en soi, ce n’est pas se dire « je suis quelqu’un de bien parce qu’on m’aime ». C’est pouvoir se dire « ce n’est pas grave si on ne m’aime pas car je sais qui je suis ».

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