Journée Nationale de l’infertilité : un processus long et douloureux

Chez certaines femmes, la grossesse vient simplement, dès qu’il y a désir d’enfant. Il suffit d’arrêter la pilule, pour celles qui la prennent, pour obtenir un test de grossesse positif dans les semaines qui suivent. Pour d’autres, c’est plus compliqué. Et si on appelle Périnatalité la période qui va du désir d’enfant jusqu’au 2 ans de celui-ci, cette période est plus ou moins longue selon les cas. Alors que faut-il faire dans ce cas : multiplier les traitements, essayer les médecines alternatives, consulter un psychologue, ou encore lâcher-prise ? A l’approche de la Journée Nationale de l’Infertilité, je partage avec vous ces quelques réflexions issues de ma pratique.

Je reçois à mon cabinet des femmes qui viennent, seules ou en couple, raconter leur parcours, leurs interrogations, leurs doutes. Il n’y a pas de domaines plus mystérieux que le fait de tomber enceinte. Je dis souvent à mes patientes que de la même façon qu’elles ne comprennent pas pourquoi elles ne tombent pas enceinte, elles ne comprendront pas non plus pourquoi …elles tomberont enceinte lorsque « ça viendra ». Les médecins les plus honnêtes le disent eux-mêmes : une part importante d’inconnu réside dans le fait de concevoir un enfant, et c’est bien là toute la difficulté, accepter de ne pas comprendre. Cette difficulté n’est pas des moindres, car accepter de ne pas tout comprendre est le travail de toute une vie, pour chacun de nous. Que le couple soit engagé ou non dans un circuit d’AMP (Assistance Médicale à la Procréation), l’attente déçue représente une frustration importante. Et ce pour différentes raisons :

L’infertilité est encore un sujet tabou.

L’entourage attribue bien souvent la cause de l’infertilité du couple à la femme, comme si c’était l’unique participante de cette entreprise à deux. Celle-ci entend parfois des remarques très blessantes sur son incapacité à « savoir-faire » et à connaître le « mode d’emploi ». Cela remet en question l’image qu’elle a d’elle-même et de sa féminité. Lorsque c’est l’homme qui est la cause des difficultés à concevoir, cela lui renvoie aussi une image dégradée de sa virilité. Car dans l’imaginaire collectif, on confond fertilité et sexualité, comme si le fait d’avoir un enfant traduisait une activité sexuelle fréquente et épanouie. Un cliché qui a la peau dure et qui peut atteindre justement, à force, la vie intime du couple.

Lorsqu’une femme ne parvient pas à tomber enceinte, elle se demande ce qui ne va pas.

Elle peut se demander si son désir d’enfant est bien présent ou légitime, car elle a entendu la fameuse sentence « c’est dans la tête », et c’est très culpabilisant pour elle. Elle se compare parfois, à son insu, à ses amies ou aux autres femmes de sa famille, et se demande qu’est ce qui ne va pas chez elle et ce qui peut venir empêcher ce processus apparemment naturel depuis la nuit des temps. La culpabilité devient alors omniprésente, la femme se persuade qu’elle est « fautive » et ces pensées ressassées sans-cesse atteignent l’estime de soi, pourtant si nécessaire pour être une future mère.

Le manque d’information sur les traitements et les protocoles est aussi un obstacle.

Le couple peut mettre longtemps à trouver le praticien qui s’occupera de leur problématique. Un bon gynécologue obstétricien peut être excellent pour un accouchement, mais incompétent en matière d’infertilité. C’est important de trouver la bonne personne et de se renseigner au préalable sur ses compétences. Personnellement, je pense qu’outre une parfaite connaissance des examens et des techniques d’assistances médicales à la procréation, un bon gynécologue est celui qui instaure une relation suffisamment bonne avec ses patients pour communiquer des informations claires et précises au couple et pour les rassurer. Car il ne faut pas oublier que dans un contexte d’anxiété, on ne comprend pas toujours de manière précise les précieuses informations qui nous sont données.

On confond souvent « lâcher-prise » et « se donner les moyens de ».

Des représentations antinomiques dans notre tête : dans le premier cas, il faut tout lâcher et dans le second, faire tout son possible et surtout ne rien abandonner. Et c’est là que se heurtent deux images qu’on croit être incompatibles. Et pourtant, pour tomber enceinte, il faut se donner les moyens tout en lâchant prise. Comment ? en acceptant de faire un maximum d’efforts (traitements, démarches médicales, suivi psychothérapeutique…) en gardant présent à l’esprit que nos efforts n’aboutiront pas forcément au résultat escompté. Et c’est extrêmement difficile car nous sommes éduqués et formatés par l’idée que « faire des efforts, ça paye ». Et en effet, il est important de faire les efforts nécessaires pour atteindre notre objectif. Mais en matière de fertilité, il faut réussir à admettre, à défaut de comprendre, que les actions mises en œuvre pour atteindre une grossesse peuvent être inversement proportionnelles au résultat. Je ne peux pas compter le nombre de patientes/amies/connaissances qui sont tombées enceintes lorsqu’elles ont arrêté tous les traitements. Lâcher-prise c’est avant tout laisser venir les bonnes choses comme les moins bonnes. Se laisser traverser par les vagues, sans se briser, un peu comme le roseau se courbe face au vent. Ne pas chercher à résister, pour ne pas se casser en morceaux, ne pas se rendre malheureux mais accepter et laisser les choses se présenter à nous.

Pour des renseignements complémentaires, rendez-vous sur ma page https://www.clairedahan.fr/psychotherapie/perinatalite/
Vous ressentez le besoin d’en parler ? N’hésitez pas à prendre contact avec moi sur www.clairedahan.fr

Vous aimez...Partagez !