Connaissez-vous l’effet de Halo ?

Vous connaissez tous l’adage «il ne faut pas juger quelqu’un d’après son apparence » n’est-ce-pas ? Et cela vous parait assez logique. Pourtant…juger quelqu’un d’après son apparence et d’après la première impression est un phénomène ultra-courant appelé effet de Halo mis en évidence par E. Thorndike, et largement étudié en psychologie sociale. Pour la simple raison que c’est un des biais cognitifs les plus courants. Les biais cognitifs représentent une illusion de la pensée. Ils nous poussent à faire des erreurs de jugement sans nous en rendre compte. L’effet de Halo tient son nom de l’auréole représentée au-dessus des personnages saints dans les peintures médiévales. C’est la tendance à juger une personne inconnue, à partir d’une caractéristique qu’on avait préalablement jugée positive.

Ainsi, lorsque quelqu’un nous fait une bonne première impression, impression fondée généralement sur son physique, nous avons tendance à attribuer à cette personne des qualités qui vont au-delà de son apparence physique. (A ce stade de la lecture, certaines lectrices se reconnaitront peut-être dans le dernier coup de foudre foireux qu’elles auront eu avec Monsieur Bogoss : et oui, l’apparence est parfois trompeuse !).
Je partage avec vous deux expériences en psychologie sociale sur l’effet de Halo. Elles illustrent à merveille ces erreurs de discernement dont nous sommes victimes à notre insu.

1 – L’expérience de S. Asch

En 1946, S. Asch, psychologue social américain, mène une expérience clé sur le sujet. Il choisit deux groupes de sujets auxquels il donne une série d’adjectifs décrivant une personne (intelligente, sérieuse, honnête, altruiste…). Les deux groupes reçoivent la même liste de mots, à une exception près. Parmi la liste des mots décrivant la personne, l’un des groupes a le mot « chaleureux ». Dans l’autre groupe, le mot « froid » se glisse dans les caractéristiques. Après la lecture des caractéristiques de cette personne, les membres de chaque groupe donnent leur impression globale sur cette personne. Résultat, tout le monde tombe dans le panneau. Le portrait de la personne sera complètement différent alors qu’un seul mot la décrivant change. Une seule chose peut nous faire changer la perception qu’on se fait de quelqu’un et l’impression qu’on a de l’autre ne tient parfois qu’à peu de choses.

2 – L’expérience de M. Clifford

Une seconde expérience parlante est celle menée en 1975 par M. Clifford, psychologue spécialisée en éducation, dans laquelle elle demande à des enseignants d’évaluer des enfants jusque-là inconnus (à partir de photos), sur plusieurs critères comme leur intelligence, l’implication de leurs parents dans leur scolarité ou encore leur chance de réussite. Les résultats de l’expérience montrent clairement que les enfants jugés « beaux » seront évalués comme plus intelligents, avec de meilleures chances de réussir leur scolarité et des parents plus investis…. Il ne s’agit pas de jeter la pierre à ces enseignants. Nous sommes tous plus ou moins influencés par le physique de notre interlocuteur. A l’école en particulier, les « chouchous » des enseignants sont généralement les plus jolis.

On se construit tous des théories implicites sur un individu sans fondement sérieux. C’est ainsi qu’une personne souriante sera jugée comme sympathique. Quelqu’un qui porte des lunettes sera perçu comme sérieux. Un médecin sera jugé comme plus compétent s’il porte une blouse blanche plutôt qu’un jean’s.

Si je vous raconte tout cela, c’est bien évidemment pour vous sensibiliser à tout ce qui peut biaiser la perception qu’on a de l’Autre lors de nos nombreuses interactions. Mais aussi pour que vous soyez conscients des impressions que vous laissez sur autrui vous aussi…. Car si nous jugeons tous d’après les apparences, c’est sans doute que l’on nous juge aussi de la même manière, non ?

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