Anxiété et reconfinement : comment s’en sortir ?

Notre année est manifestement rythmée par les incertitudes et la confusion.
Après un printemps mouvementé par un premier confinement, puis un été rempli d’espoirs et une rentrée menacée, nous voici entrés dans le deuxième confinement. Et cette fois-ci, c’est bien plus difficile psychologiquement.

Réparer les douleurs du premier confinement

Du côté des psychologues, nous essayons tant bien que mal de « réparer » les douleurs causées par le premier confinement et d’aider les français les plus éprouvés, à retrouver leur santé mentale. Et nous mesurons chaque jour l’ampleur des dégâts tant nous sommes sollicités. Et depuis mercredi, je dois dire que ce n’est pas simple.

Tout d’abord, la durée de ce nouveau confinement n’est pas bien claire, on parle de « au moins » quatre semaines, ce qui freine les projets et laisse la crainte s’installer.
J’ai également pu observer qu’après le déconfinement, il y avait une certaine euphorie et les gens ont commencé à penser à autre chose qu’au coronavirus, à reprendre leurs projets là ou ils les avaient laissés et à retrouver leurs activités. Mais cette euphorie a disparu au fur et à mesure pour laisser place à une sorte de désespoir depuis l’annonce de mercredi soir.
Je pense aux personnes qui font du télétravail et qui n’avaient déjà pas complètement repris un rythme de travail en présentiel et qui se voient encore travailler de chez eux, parfois à temps complet. Je pense aux commerçants qui doivent fermer boutique à nouveau pour un temps et qui craignent de devoir fermer définitivement. Je pense à mes jeunes patients étudiants qui ont à peine eu le temps de reprendre les cours et qui sont à nouveau en enseignement à distance. Sans parler de ceux qui sont entrées en première année il y a un mois et qui découvrent l’université dans cette drôle d’ambiance. Je pense à ceux qui traversent des épisodes de tensions conjugales et familiales et que notre période exacerbe. Et je pense bien évidemment à nos soignants, sur le front et épuisés, qui voient venir la deuxième vague, affolés. Tout ça avec un arrière-goût de déjà vu.

Payer pour les autres ?

Il y a aussi le discours ambiant : « si la France est à nouveau en confinement, c’est parce que les gens ne respectent pas les gestes barrière » : or un bon nombre de gens les respectent scrupuleusement et sentent qu’ils « payent pour les autres ». Ceci entraine une baisse de solidarité dans cette épreuve, comme s’il y avait deux clans, les fautifs qui n’ont pas assez fait attention en faisant la fête, et ceux qui leur font la morale et les rendent responsables de la situation. Les jeunes sont pointés du doigt mais comment leur en vouloir de retrouver leurs soirées étudiantes alors que la pandémie dure depuis plus de huit mois et que nul ne sait quand elle prendra fin …

Le poids des mots joue aussi un rôle fondamental dans notre anxiété : si le chef d’état parlait d’état de guerre au printemps, il mentionne désormais que nous traversons une « deuxième vague plus meurtrière que la première », ce qui nous plonge dans une ambiance apocalyptique.

Pour finir, la France vient de traverser deux épisodes terroristes meurtriers et barbares et nous sommes encore sous le choc des récents évènements, entre stupeur et désarroi.

Alors comment faire pour sortir la tête de l’eau et se sentir mieux psychologiquement ?

  1. Nourrir le lien social est essentiel car nous avons besoin les uns des autres en cette période. Les restrictions ne nous empêchent pas de se téléphoner ou de se voir en visio, et cette fois-ci, (parce que nous avons appris de nos erreurs et que nous avons des masques …) les visites aux personnes âgées ne sont plus déconseillées, il suffit juste de bien respecter les gestes barrière.
  2. Aider les plus démunis et se sentir utile nous inscrit dans une chaine de solidarité et nous rend plus humains. Il faut développer l’altruisme car c’est la seule chose qui ne peut jamais nous être enlevée et ensemble, nous sommes plus forts.
  3. Cultiver l’optimisme est fondamental et pour ce faire, s’éloigner un peu des informations et des réseaux sociaux peut s’avérer nécessaire.
  4. Explorer nos ressources et se rendre compte de toute la force dont nous avons déjà fait preuve dans des moments difficiles. Il suffit de prendre un peu de hauteur et de regarder en arrière pour voir combien nos épreuves passées nous ont fait grandir et comment nous avons su nous en sortir.
  5. Profiter de cette période pour s’initier à l’autohypnose ou à la méditation et expérimenter ces moments de répits dans lesquels, à l’intérieur de nous-mêmes, nous pouvons retrouver du calme, même pendant la tempête.
  6. Développer de la gratitude car ce n’est pas une qualité innée et elle peut se travailler. Tenir un journal quotidien par exemple, dans lequel on pourra écrire les choses qui se passent bien, celles qui nous font rire ou nous donnent du baume au cœur, et répertorier les petits moments qui nous rendent heureux, même un tout petit peu. Il est très difficile de se rendre compte de ces moments dans les périodes de grande morosité et le fait de les écrire nous permet de les ancrer dans notre quotidien.
  7. Pratiquer une activité physique est primordial et sortir marcher et s’aérer nous fait le plus grand bien, nous avons tendance à l’oublier.
  8. Enfin, se faire aider par un professionnel en cette période de coronavirus doit être envisagé lorsque nous sentons que l’accumulation se fait sentir et que nous avons le sentiment que les batteries sont vides.

En ce qui me concerne, et parce que j’aime bien cette jolie phrase de Milan Kundera, dans le doute

Je préfère vivre en optimiste et me tromper, que vivre en pessimiste pour la seule satisfaction d’avoir eu raison !

Bon courage à tous !

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